Nouvel extrait de Lo Bolegason (Slam)

Y A COMME UN MALAISE

Y a comme un malaise
On me raconte des fadaises
A propos de tout et de rien
On me traite comme un chien
Mon portable numérisé
Refuse obstinément de sonner
Mise à part les pubs de forfait
Et je suis déstabilisé
Pourtant, je suis organisé
Contre l'insécurité
Que pourrait occasionner
L'adversité... adverse
Adversaire ici épinglé
Des cités illicites, citées
Par des médias conventionnels
Qui dispensent avec tant de zèle
L'actu Mac Do lyophilisée
A consommer les yeux fermés
Et sans trop avoir d'état d'âme
Sur les milliers de petits drames
De la quotidienneté.
Car c'est au-delà de l'écran
Et si loin de ma vie privée...
Eh bien pourtant, au demeurant
J'ai le sentiment d'exister
A côté
De la réalité
Je fais pourtant des efforts
Pour ne pas rester au dehors
Du mouvement perpétuel.
Le cinéma de Bunuel
C'est pas ma tasse de thé
Bien qu'en tant qu'intellectuel
Quotidiennement informé
Mis à l'abri de l'arbitraire
Par les critiques littéraires
M'indiquant avec acuité
La juste façon de penser
Je devrais
Profiter
De la culture tutélaire
Aristote, Pascal, Voltaire
Que j'ai pesamment étudiés
Au lycée
Je les connais...
Par coeur.
Les livres sont vraiment bien faits
Tout y est savamment rangé
Les sentiments et les idées
Le cerveau, le coeur et la bile
Dans des boîtes numérotées
Impossible d'être débile
Je déroule mon évangile
Le A, le B, et jusqu'au Z
Et je n'ai pas besoin qu'on m'aide
Mais malgré tout y a un malaise :
J'ai du mal à me concentrer
Quand je baise.

JEAN ESTRABAUT (c)

Monoceros : Je regrette la chute, mais je respecte les mots de l'auteur.